nathalie epron auteure

nathalie epron auteure

A quel chêne se vouer ?

tonneaux.png

 

  Si on connaît l’influence des rayons gamma sur les marguerites, on connaît moins les conséquences sur le vin d’un élevage en fût de chêne selon sa provenance d’origine. Pas d’inquiétude cependant, car s’il existe quelques 250 espèces de chêne dans le monde, on n’en distingue que trois qui peuvent finir leur vie sous forme de barriques. Je vous invite donc à mettre un peu le nez dans le tonneau.

 

Français et américain

 

Les seuls offrant une étanchéité et des qualités mécaniques suffisantes pour supporter le travail du tonnelier sont le chêne pédonculé (Quercus robur) ou le chêne rouvre (Quercus petraea) généralement d’origine française et le chêne blanc (Quercus alba) d’origine américaine.

Si le vieillissement en fût de chêne est souvent arboré comme un blason et un gage de qualité (mais ce n’est pas pour autant que le choix de l’élevage en cuve inox ne produit pas d’excellents vins quand on renifle chez le viticulteur un désir de valoriser les notes de fruit), c’est qu’il concerne à peine 2% de la production mondiale[1].

Regardons donc de plus près la différence entre les breuvages dorlotés dans des fûts de chêne américain et les autres cajolés entre les douelles (planches) de tonneaux de chêne français.

 

Français ou américain

 

La nuance est d’importance. L’oenologue français Emile Peynaud affirmait que l’utilisation d’une variété de chêne pour l’élevage des vins était comparable à l’ajout d’épices en cuisine. En étant un peu attentif, on peut constater effectivement que les deux types de fût utilisés “épicent” les vins de façon contrastée, non seulement à cause de l’essence du bois mais aussi parce qu’ils sont préparés de manière différente. Le degré de chauffe qui permet de fixer les douelles ensemble et d’aromatiser les barriques est plus important  pour les américaines avec les conséquences qu’on peut deviner.

Les fûts américains laissent une empreinte plus vivace au nez et en bouche[2], rappelant tour à tour (sans être exhaustif sur la palette aromatique) la sciure de bois, le bois fraîchement coupé, le sous-bois mais aussi le clou de girofle, la noix de coco, le chocolat, le caramel, le fumé et des flaveurs (mélange de saveurs et de senteurs) très présentes de vanille. En bref, des notes exhubérantes, des boisées très prononcées et facilement reconnaissables. En revanche, le chêne français, à cause notamment de son grain plus serré et d’un degré de chauffe moindre, est plus discret sur ses arômes : pain grillé, noisette, pointe de vanille, senteurs florales, cuir léger… et même beurre frais dans les blancs. Dans tous les cas, la vocation du bois est d’enrichir le goût du vin sans le déformer. Le vin de bois (dans certains pays l’ajout direct de copeaux est autorisé)  n’est jamais un vin de joie, pas même un vin de peine, juste une piquette (dé)masquée par son armature de vieux rafiot pour gosier naufragé.

 

A vous de choisir

 

Après cette petite lampée de savoir sur l’élevage en barrique, vous pourrez choisir votre breuvage en connaissance de cause, en gardant en tête, bien sûr, que le vin est le produit d’une alchimie entre de multiples facteurs. Si le choix du fût est un de ses critères, il n’est pas exclusif pour le consommer avec passion et le boire… avec modération.

 

 



[1] Cf Fédération des tonneliers de France.

[2] A nuancer selon l’âge de la barrique (neuve ou plus ancienne).



04/02/2019
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 22 autres membres