nathalie epron auteure

Le drame de la conscience sensible blessée par le mensonge social ou la trahison intime, la femme-gendarme de l'amour et l'homme voleur de feu se poursuivent inlassablement. Le dépassement, c'est la transposition d'une fissure psychique en un drame de la matière, de la ligne de fond, du profond de la forme. Plus le drame intérieur aura été intense, insurmontable, plus la solution plastique est éclatante, éclatée, scandaleuse.

Le nom occulte de la vérité est l'art. L'inconscient humain, à jamais inexplicable par la raison raisonnante, agit comme une tension qui creuse des trous dans le sable. Le souci, c'est de ne pas y mettre d'intention et de bâtir ses édifices de sable en aventure d'enfant.

En dépit de toutes les polices de la terre, nous accueillons l'être qui, de brutale lumière, sait éclairer le drame. La poésie une et multiple de l'être divisé, l'habitant du tiède cocon et l'exilé à regret de sa première prison qui n'a de cesse d'y retourner même quand il veut la fuir mais fuir quoi, ça, il ne le sait pas ou si peu ou si mal. Par un double ou triple boutonnage où l'on voudrait enclore encore la difficulté à vivre, on croit taire l'enfant blessée par des postures de princesse distante. C'est une manière, entre mille, de se défendre de l'inflation des douleurs et de clore la paupière sur un regard de gouffre quand s'abîme l'adulte dans le vertige de ce qu'il est mal devenu. Pour devenir humain, sans être sanglé de certitudes toutes faites que toutes les défaites à toutes les époques défont, il faudrait baigner sa tête au ras des eaux nocturnes, regarder au fond des mères, pères, soeurs, frères, entre les sourcils obstinés, les lignes de vie jusqu'à la chute, les pirates les corsaires de nos faibles conquêtes. Et le marin unique et solitaire dont le vaisseau vaillant vacille, se penche et sombre.