Cycle de conférences
Le chantage de la beauté
Cindy Sherman, 1992
Entre archaïsmes à la peau dure et rêves de peau douce caressés par tous, la contrainte onéreuse de l'apparence à laquelle sont généralement soumises les femmes induit un positionnement particulier sur l'échiquier social. Mais aujourd'hui, le propre de la "féminité" est d'être écartelée entre des impératifs et des désirs contradictoires, entre un éternel féminin toujours à l'oeuvre dans notre environnement et une individualisation bien plus inventive où s'exerce et se réalise, au moins partiellement, une dé-catégorisation sexuée. Cette tension entre bâtir et affermir une identité féminine et démolir la catégorie "femme" contamine aussi le versant masculin qui, enfin, n'est plus considéré comme allant de soi.
Femmes de la Rive Gauche
Sylvia Beach devant Shakespeare and Company
Les contributions à la vie du Paris littéraire entre 1900 et 1940 de grandes américaines et anglaises qui ont nourri de leur énergie créatrice une modernité qui ne les a pas toujours reconnues à leur mesure : Djuna Barnes, Sylvia Beach, Nancy Cunard, Anaïs Nin, Jean Rhys, Gertrud Stein, Edith Warton, etc.
L'écriture et les femmes
Portrait de Mme Roland, Adélaïde Labille-Guiard, 1793 ?
Les femmes et l'écriture, c'est un long chemin tortueux; les femmes et la littérature, c'est une histoire compliquée, difficile, infiniment porteuse de contradictions puisque leur beauté pendant longtemps serait celle dont on parlerait mais qui ne parlerait pas.De la pratique privée, là où écrire n'était encore que l'ombre de l'écriture, une façon de se poser face au monde sans encore poser sur le monde un regard qu'il n'attendait pas, à l'exposition publique. A travers la figure de l'écrivaine, ou plus généralement de n'importe quelle créatrice, c'est la femme comme représentante de la différence sexuelle qui est généralement convoquée, avec tout ce que cela implique comme préjugés, assignations normatives, limites réductrices, tueries symboliques en série...
Le lyrisme de la chair
Fragment de l'Odalisque à l'esclave, Ingres, 1842
Protéiforme, il imprègne tout le discours social et médiatique, reproduisant inlassablement la vieille opposition binaire pour perpétuer, aggraver et cimenter la cohérence de la division sexuelle.
Lectrice ou liseuse : les femmes qui lisent sont dangereuses
La lecture, résolument individualiste, secrète, autonome et incontrôlable, est fondamentalement nocive pour l'ordre social... Pratique de résistance aux normes en vigueur, elle a souvent été associée, dans son versant féminin, à une activité masturbatoire représentant une menace pour le système patriarcal ou fraternel.
La rupture amoureuse dans l'oeuvre de Marguerite Duras
On suspectait cet homme "d'avoir d'étranges inclinations pour les jeunes filles délaissées, par d'autres rendues folles" (in Le Ravissement de Lol V. Stein)
"Je l'ai quittée (...)parce que rien ne la désemparait" (in Le Marin de Gibraltar)
"Alors, comme ça, tu vis un grand amour toute seule sur la mer ? (in Le Marin de Gibraltar)
"Elle à lui : Je t'oublierai, déclare t-elle. Je t'oublie déjà. Regarde, comme je t'oublie ! Regarde-moi"
et Elle à son premier amant : "Je tremble d'avoir oublié tant d'amour" (in Hiroschima mon amour)
"Tu es ce qui n'aura pas lieu et, qui comme tel se vit" (in Aurélia Steiner)
Je n'ai jamais écrit
croyant le faire
Je n'ai jamais aimé
croyant aimer
Je n'ai jamais rien fait
qu'attendre
devant la porte
fermée
L'Imaginaire des ports
Illustration Agnès Bourgoin
Le dehors et le dedans demeurent des assignations normatives pour les deux sexes et l'imaginaire des ports - exemple choisi par affinité personnelle mais aussi parce qu'il est exemplaire de la configuration fantasmatique à laquelle nous devons nous colleter - inscrit au masculin les liens qui se larguent, les liens qui se nouent avec femme à terre et homme "aux semelles de vent".
Quelques femmes artistes d'aujourd'hui
Portrait de Louise Bourgeois, Robert Mapplethorpe, 1982
Une création plurielle, puissante, irrévérencieuse, réductible à rien, ouverte à tout : Louise Bourgeois, Annette Messager, Sophie Calle, Orlan, Germaine Richier, Dominique Jaffré...
Lecture de textes
L'Adieu au XXe siècle, mise en voix par Aline César metteure en scène et comédienne.
Tous les troisièmes samedi du mois à l'espace World on Flesh à Paris IV (inscription directe ou sur terresdeclat@voila.fr, capacité 80 places)
Tous les deuxièmes samedi du mois à l'espace Olympe de Gouges à Vif (inscription directe ou sur terresdeclat@voila.fr, capacité 120 places)
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