nathalie epron auteure

nathalie epron auteure

Reprise de Trouble dans la représentation au théâtre de Belleville

 
 
 

 

29/10/2012

Les hommes, les femmes, la déco d'intérieur et la trépanation du mammouth…

théâtre, genre

Catherine Retoré et Malik Faraoun, impeccables dans "Troubles dans la représentation".

Crédit zef- Isabelle Muraour

 

A travers un laboratoire du genre, une pièce de théâtre interroge nos représentations des éternels féminins et masculins. Un spectacle qui devrait être remboursé par la sécurité sociale.

Lui, un brin dominateur, se fait pressant. Elle, regard de biche éperdue, tente de se soustraire à son étreinte... Deux acteurs, un homme, une femme sont interrompus lors de leur cour amoureuse, « extraits » d’un film muet des années 20 et propulsés dans un laboratoire contemporain. Ils découvrent qu’ils ont été kidnappés par des chercheuses un brin déjantées et doivent se soumettre à une série d’expériences sur le masculin et le féminin.

C’est le point de départ de « Troubles dans la représentation », une pièce inspirée des conférences de Nathalie Epron mise en scène par Aline César qui balaye très utilement bien des clichés. Sa pièce, pleine de fantaisie, devrait être remboursée par la sécurité sociale et sera vue avec profit par les deux sexes. Elle apporte un contrepoint éclairant à ces pièces et livres au succès indécent qui surjouent et confortent les stéréotypes masculins, tout en les prétendant « scien-ti-fi-que-ment documentés ». Une imposture que Sciences et Avenir, avait démonté dans un dossier de février 2012. Vous pouvez lire à ce sujet nos articles "Hommes, femmes... six clichés démontés" et "Neurosexisme: la guerre est déclarée".

Pour réintégrer leur pellicule originelle, les deux acteurs doivent lire plusieurs textes. Elisabeth Badinter, Judith Butler, Helène Cixous ou la féroce Théroigne de Méricourt. Mais aussi Rousseau et son déterminisme biologique, Marivaux et ses querelles domestiques, Moravia ou Godard et leur vision de la beauté. Tandis que les chercheuses commentent leurs performances de rats de laboratoire, l’homme et la femme dissèquent et mettent en évidence la fabrique du genre, des stéréotypes et des inégalités. Ce système a un coût social énorme, pour les filles mais aussi pour les garçons d’aujourd’hui (lire prochainement notre article "la fabrique des rôles"). Pourtant, comme le dit l’acteur à un moment, empruntant ses mots à Virginie Despentes: « Il y a des hommes plutôt faits pour la cueillette, la décoration d’intérieur et les enfants au parc, et des femmes bâties pour trépaner le mammouth, faire du bruit et des embuscades ».

 

Rachel Mulot, Sciences et Avenir, 29/10/12

 

 



06/03/2021
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 22 autres membres